Autant le domaine de la névrose obsessionnelle est celui de la rigidité, autant le domaine de l’hystérie (H) est celui de la plasticité. Selon les époques, l’expression hystérique « se conforme » aux attentes inconscientes de la société : plasticité et suggestibilité. Dans la névrose obsessionnelle on a affaire à la maitrise et au contrôle, alors que dans l’hystérie le patient cherche la relation en se conformant au désir et au plaisir supposé de l’autre. L’hystérie a été d’abord décrite comme une maladie mentale jusque ce qu’elle soit traité par l’hypnose par Charcot. Puis Babinski[1], successeur de Charcot, l’a distinguée d’une maladie organique.
Les principales types de manifestation de l’hystérie de conversion en clinique sont les manifestations paroxystiques, la conversion somatique les troubles de la conscience.
Elles étaient courantes au siècle dernier sont très rares de nos jours et ne se déroulent qu’en public, cette affection étant une maladie “centrée sur la relation”.
Dans l’hystérie de conversion il n’y pas d’atteinte anatomopathologique, ce qui la distingue des somatisations qui agissent en silence ; cela ne signifie pas que la personne atteinte ne souffre pas réellement, mais que les organes ne sont pas touchés : les paralysies des membres n’ont pas substrat organique. Ces manifestations douloureuses sont assez bien vécues par le patient avec une « belle indifférence » : elles soulagent un conflit intérieur. Elles évoluent assez rapidement d’une forme à une autre, leur signification est souvent lisible. Ses manifestations se déroulent en public, jamais lorsque la personne est seule, elles touchent les organes de la vie de relation : la personne souffre de contractures, de surdité, d’anosmie, d’agnosie, modification du gout, astasie abasie, aphonie,…
Les amnésies psychogènes, qui ne sont pas dues a une atteinte organique du cerveau mais au fonctionnement psychique lui-même, marquées par un début brusque, avec une durée brève, plus ou moins étendue, focalisées sur une période, etc., l’amnésie sélective, l’amnésie systématisées (tous les événements sur un même thème), la fugue amnésique (la personne fugue, sans bagage, en oubliant une partie de sa vie, dissociation anormale de la conscience,…)
Dans les formes cliniques il ne s’agit plus d’un accident isolé mais de la maladie chronique marquée par des événements successifs, qui engendre dépression et hypocondrie.
Les bénéfices secondaires et apparents de la maladie sont l’intérêt, la sollicitude, la gentillesse et l’attention de l’entourage envers la personne, etc., mais le bénéfice primaire, c’est la tentative de soulagement de l’angoisse.
Le thérapeute doit jongler pour ne pas exacerber ces bénéfices par trop d’attention, trop de soins, trop de valorisation des symptômes, etc…tout en permettant au sujet intérioriser la relation.
Ma priorité, lorsque je présuppose ce trouble, c’est de ne jamais porter le diagnostic de manifestation de conversion avant d’avoir éliminé une manifestation organique (par tout moyen). En effet il existe des affections somatiques qui ressemblent à des manifestations de conversion : maladie neurologique à expression variable ou bien il peut s’agir d’intrication (les 2 mélangées), c’est à dire qu’une coexistence d’affections organiques et de manifestations de conversion sont présentes.
La conversion somatique est différente des maladies psychosomatiques, dans lesquelles il existe une maladie qui évolue pour son propre compte.
Les psychalgies [2] dont souffrent parfois les patients, peuvent être des manifestations de dépression (ex : contracture musculaire cervicale ou dorsale). Les frontières ne sont pas toujours très nettes. Tout l’art clinique est de bien différencier ces formes afin de ne pas nuire au patient : PRIMUM, NON NOCERE
La souffrance dépressive, lors des décompensations, peut être très douloureuse, il s’agira si nécessaire, dans un état dépressif lié à la maladie, de préconiser l’hospitalisation, les traitement par médicaments et le soutien psychologique.
Lorsque je reçois ces patients, je me pose toujours la question de la vraie demande : veulent-ils obtenir des bénéfices secondaires ou se soigner ? Et donc, de la motivation réelle, du réel désir de changement.
Le travail consistera, entre autre, à favoriser l’intériorisation du conflit pour qu’il soit freiné, de créer de la relation là où elle n’a pas été créée à l’origine.
[1] Il a codifié la neurologie et distingué les grandes affections neurologiques organiques des syndromes psychiatriques. Fondateurs de la société française de neurologie.
[2] Douleur psychogène, douleur d’origine psychologique ou physique / souffrance psychologique, toute forme de souffrance qui n’est pas lié au physique