L’émotion permet à chacun d’être compris et de comprendre les autres, par le partage universel qu’elle représente. Elle est une transmission directe d’une intériorité unique, immédiatement saisissable et elle initie la naissance des sentiments, avec la réponse, l’adaptation à l’autre et à l’environnement. Nous parlons aujourd’hui d’intelligence émotionnelle. Si cette intelligente n’est pas prise en compte, acquise, le sujet est coupé de lui-même, lobotomisé en quelque sorte, tout du moins appauvri d’une part qui est une richesse humaine en soi.
Quant au sentiment, production personnelle issue du vécu et de la structure particulière de chacun, il notifiera la relation de soi à soi et de soi à l’autre comme « fondements de l’être ».
Comment travaille-t-on sur les émotions et pourquoi ?
Un peu d’histoire pour rendre grâce à un génie qui quoique souvent mal compris et controversé par le grand public a permis d’élaborer et de comprendre le fonctionnement psychique : les concepts d’affect et de pulsion élaborés par Freud.
En travaillant avec les grands névrosés, Freud découvre à travers sa clinique, notamment l’hystérie et la névrose obsessionnelle, les déplacements, la labilité de l’affect qui se montre, qui se perçoit, qui se cache tout également.
Le terme d’affect en lui-même n’existe pas en français jusqu’en 1942.
C’est un terme repris par Freud et tiré de la terminologie psychologique allemande « connotant tout état affectif, pénible ou agréable, vague ou qualifié, qu’il se présente sous la forme d’une décharge massive ou comme tonalité générale ».
L’affect est défini comme première manifestation de la pulsion, comme représentant de la pulsion ; il ne peut être appréhendée que par la représentation (de mots, d’images,…) et qui le rendent seulement ainsi intelligible. Un affect exprimerait en quelque sorte la caractéristique, la qualité de l’énergie libérée par la pulsion ; c’est la traduction de l’activité cénesthésique.
Qu’est-ce à dire ? Et qu’est-ce donc qu’une pulsion ?
La pulsion, concept psychanalytique, est définie comme première manifestation corporelle, énergétique, sensible, comme représentant psychique des excitations qui nous viennent du corps. Elle est ainsi un concept qui permet de faire un pont entre le soma et la psyché. Selon Freud, toute pulsion s’exprime dans les deux registres de l’affect et de la représentation.
Cela semble un peu compliqué et pour faire plus simple nous pouvons prendre l’exemple de la faim : si notre corps manque de nutriments, il va envoyer une décharge qui va se manifester par une pulsion. La pulsion de se nourrir. Mais cette pulsion nous ne l’appréhendons pas directement, elle ne nous est connaissable que par l’affect, ici la faim, lié à une représentation : manger…
Au niveau sensible, émotionnel, nous sommes également mus par nos affects ; ils traduisent nos besoins, insatisfactions, manques : douleur, tristesse, colère, etc.
Mais, nous l’avons dit plus haut, l’affect, manifestation énergétique de la pulsion, n’est appréhendé que par la représentation qui lui est associée.
Et c’est là que nous voulons en venir :
Selon leurs spécificités, les défenses inconscientes mises en place par la personne qui souffre modifient la nature de l’affect, en l’annulant, en le mobilisant, en le déplaçant, en le convertissant, en le clivant (pour protéger de l’angoisse), en le transformant ou le projetant, etc., c’est à dire en le coupant de ses représentations.
Peut-être avez-vous expérimenté des moments de déni comme « même pas mal, je l’aime plus, m’enfiche, ça ne me touche pas”, etc. en réellement ne ressentant plus ce qui devrait vous toucher ? Ou à l’inverse ” je me sens triste sans raison, je me mets en colère sans savoir pourquoi...”?
La labilité de l’affect c’est sa capacité à ne plus transmettre le sens du véritable ressenti qui, cependant, n’est pas, parce que vous ne le sentez plus, inactif. Il agit en soubassement. Il est refoulé selon la théorie de l’appareil psychique. La pulsion nous meut, l’affect est là mais le sens est masqué: nous sommes coupés de ce qui se passe pour nous ou nous en souffrons trop.
Le travail de la thérapie Emotionnelle consistera à mettre de la représentation, du sens dans ce qui se passe en soi et qui s’active de façon masquée ou erronée ; à libérer, non par la compréhension intellectuelle – on comprend tout mais rien ne bouge- mais par le dégagement de la charge perturbatrice des affects bloqués : la mise en sens de votre vécu intérieur vous libère des douleurs hors de propos.