Les troubles de l’humeur et la psychose maniaco dépressive
L’humeur est définie par le psychiatre et neurologue Jean Delay en 1947 comme ” Disposition affective fondamentale, riche de toutes les instances émotionnelles et instinctives, qui donne à chacun de nos états d’âme une tonalité agréable ou désagréable, oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur ”
Les personnes en dépression modérée peuvent travailler.
Principaux troubles de la dépression :
- Conduites instinctuelles
Anorexie, l’ hyperphagie
Insomnie, l’hypersomnie
Baisse de la libido (hausse rarement)
- Perte de l’élan vital
Anhédonie
Aboulie
Apragmatisme
Asthénie
Clinophilie (incapacité de quitter le lit)
Avec sentiments d’indifférence, ennui, incurie (incapacité de s’occuper de soi)
- Tristesse et le pessimisme
Une tristesse profonde, constante avec péjoration de l’avenir (le patient voit tout en noir, pas de lueur d’espoir dans sa vie)
- Toubles cognitifs
Bradypsychie, (ralentissement de la pensée
Anideïsme, (pensée floue, confuse)
Ruminations, (pensées qui tournent en rond)
Difficultés de concentration, compréhension, mémorisation, d’efficacité de travail
L’anxiété, l’angoisse, très souvent associés parce que le sujet est conscient du vécu dépressif, ce qui entraine angoisse, sentiment de fragilité, de vulnérabilité intérieure
- Perte d’estime de soi, dévalorisation, autodépréciation
- Idées de suicide : pour échapper à la douleur
Si motivation de suicide accompagné de sentiments de culpabilités : grands risques de passage à l’acte.
Eléments favorables : le patient se confie, il appelle à l’aide, il vient en consultation
Eléments défavorables : fuyant, perte de contact, il ne vient plus en consultation
Facteurs de gravité : isolement, antécédents, manque de sommeil
La mélancolie
La mélancolie est une forme intense de dépression, la plus grave.
- Causes psychogènes :
Perte de l’élan vital
Insomnies graves
Perte de l’intérêt
Clinophilie
- Critères de gravité :
Douleur morale intense
Sentiment de culpabilité massif = risque de suicide élevé (violents, en forme d’autopunition)
Sentiments d’incurabilité, (ne demande pas d’aide, ne la mérite pas)
Insensible à l’aide et à la réassurance
Formes cliniques de la mélancolie :
- Mélancolie simple
Atténuée par les médicaments ou un début de travail. Se différencie de la dépression modérée par présence de culpabilité.
- Mélancolie stuporeuse :
Sujet figé en permanence mais trompeur, risque suicidaire très élevé
- Mélancolie anxieuse :
Agitation d’une grande force, au lieu de ralentissement
- Mélancolie délirante :
La plus spectaculaire : délire lié à la culpabilité : incapacité, ruine, indignité, syndrome de Cotard (incurie, transformation corporelle, hypocondrie, damnation éternelle, négation d’organe). Augmente le risque suicidaire. En cas de délire de fin du monde, le suicide peut être ‘altruiste’ et la personne tue l’autre.
- Mélancolie souriante :
Pour masquer, pour donner le change. Risque majoré de suicide car on ne s’en rend pas compte. Très difficile à repérer. A différencier de la dissociation et s’appuyer sur notre moi pour déceler sur la douleur vécue, non exprimée mais latente dans l’anamnèse et l’existentiel.
Le syndrome maniaque, versant de la mélancolie
État d’excitation pathologique qui réunit une exaltation de l’humeur et une excitation physique. « virage de l’humeur ».
Plus rare qu’une dépression, plus grave, centré sur la toute puissance, le déni de réalité et le refus des frustrations. Cicatrisation de l’impuissance par une recherche frénétique du sentiment de toute puissance.
- Troubles des conduites instinctuelles :
- Insomnie sans épuisement, Eveil permanent, Polydipsie, mange peu – ou hyperphagie
- Hypersudation, Amaigrissement, Jamais froid
- Débordements : alcoolisation, hypersexualité
- Euphorie, exaltation, sentiment de grande joie, désinhibition sociale, multiplie, hypervolonté, séduction, charisme,
- Elation de l’humeur (optimisme pathologique) surestimation de soi, sentiment d’invulnérabilité, de toute-puissance, mégalomanie
- Tachypsychie, esprit très rapide mais faussé, fuite des idées, perte des facultés de synthèse, logorrhees ou graphorrhées.
- Décisions irréfléchies : toujours à craindre et à prévoir pour protéger le malade : démissions, ruptures conjugales, acte de disposition : vente et achat de bien, …
Internement souvent nécessaire, mesures de protection et de sauvegarde
Formes clinique de l’état maniaque
- Accès hypomaniaque
En dessous de la manie, symptômes à minima
Le thérapeute peut encore s’adresser à la personne. La prise de médicaments peut éviter l’hospitalisation
Un hypomaniaque peut être traité en D.E., pas un maniaque (doit être hospitalisé)
Ces personnes sont souvent sous traitement (neuroleptiques) qui diminue l’intensité de la pathologie.
- La manie délirante
Mégalomanie, omniscience, conviction princière voire déiste, délire mythique, idée géniale pour faire fortune…
Adhésion faible à une croyance particulière, changement rapide des pensées. L’individu y croit pendant qu’il le dit mais guère plus longtemps. Il est très important en tant que thérapeute de connaître ces délires au cas où on décide d’accompagner le patient dans le sien.
- La manie aigüe ou manie agitée : manie furieuse
La forme la plus élevée qui peut aller jusqu’à la furie, la rage ;
Agressivité dès qu’il y a attaque de la toute puissance, crise clastique (il casse tout), grande dangerosité pour lui et pour les autres, ultra-spectaculaire et rare.
Le délire peut aussi ne pas être congruent : délire de persécution, ressenti comme une opposition à son élan.
Les Etats mixtes
Alternance rapide d’états dépressifs et d’états maniaque, intrication où tout est présent en même temps : Ces alternances peuvent être très fréquentes, se dérouler dans la journée. On passe de la jovialité à la déprime totale.
Cas particulier de l’hypomaniaque : contrairement au mélancolique qui « touche le fond », l’hypomaniaque n’a pas de limite haute et peut « exploser ». La surchauffe émotionnelle n’est pas souhaitable. Il vaut mieux éviter le travail en groupe car le thérapeute ne peut pas tout maitriser et risque de perdre le contrôle.
Les traitements de la psychose maniaco dépressive ou bipolarité
Antidépresseurs : = Prozac – à prendre régulièrement
Anxiolytiques : traitement symptomatique immédiat (Tranxene, Lexomil, Valium, Xanax (BZD) et l’Antarax (hydroxyzine) risque d’accoutumance.
Thymorégulateurs : espacer et prévenir les rechutes en cas de bipolarité = Lithium – oligoélément
Electrochocs (Sismothérapie) : provoquer une crise d’épilepsie pour entraîner une perte de mémoire qui calme.
Neuroleptiques – Neuroleptiques incisifs (halopéridol), associés fréquemment à un neuroleptique sédatif (chlorpromazine) : accès maniaques (hospitalisation d’emblée en psychiatrie)
La dynamique émotionnelle accompagne les patients en étant vigilant de ne pas exacerber l’état maniaque par le travail de cette méthode, très puissants, en les accompagnant sur le travail de la dépression, à prenant garde qu’ils soient suivis médicalement, psychiatre ou services hospitaliers.