Le terme d’affect en lui-même n’existe pas en français. C’est un terme tiré de la terminologie psychologique allemande « connotant tout état affectif, pénible ou agréable, vague ou qualifié, qu’il se présente sous la forme d’une décharge massive ou comme tonalité générale »
C’est principalement dans « Etudes sur l’hystérie » (1893-1895) que la notion d’affect prendra sa place première : Freud commente les mouvements qui le caractérisent et décrit « un surplus d’excitation » dans le système nerveux des hystériques, « qui se manifeste, ici comme un inhibiteur, là comme un facteur d’irritation et se déplace dans le système nerveux avec une grande liberté »
Il observe dans les psychonévroses les désordres psychiques, les modifications d’associations d’idées, l’inhibition de la volonté, la naissance ou la disparition des émotions et met en exergue des concordances entre les stratégies défensives inconscientes individuelles et certaines pathologie.
Selon leurs spécificités, il s’aperçoit que les défenses modifient la nature de l’affect, en l’annulant, en le mobilisant, (dans la névrose obsessionnelle) en le déplaçant (dans la phobie), en le convertissant (dans l’hystérie), en le clivant (pour protéger de l’angoisse), en le transformant ou le projetant (dans la paranoïa), etc.
Il définira l’affect comme première manifestation de la pulsion, représentant de la pulsion ne pouvant être appréhendé que par la représentation (de mots, d’images,…) qui lui est liée et qui le rend seulement ainsi intelligible.
Freud emploiera parfois indifféremment les termes d’affect, sensation, sentiment : Affekt, Empfindung, Gefühl, rappelle André Green dans « Le discours vivant ».
Toujours est-il que Freud traduira lui-même le terme Affekt par état émotif. Bien souvent les expressions qu’il emploiera dans ses recherches « pulsions à but inhibé », « choix d’objet tendre » souligneront l’alliance entre affect et sentiment qu’il fait.
Ce que nous retenons, nous, s’agissant des affects, c’est surtout leur formidable labilité qui semble animer la vie psychique.
René Roussillon, psychanalyste, professeur de l’Université Lumière de Lyon nous en fait un résumé concis : « Les affects ca pulse, […] ces trois langages que sont :
– l’affect /l’émotion/le sentiment (l’affect m’affecte et me pousse à quelque chose),
– la représentation/l’image, (de ce vers quoi la pulsion me pousse) et
– le langage/la mise en mot, (de la représentation, de ce que je sens, de ce vers quoi je suis poussé),
permettent d’analyser la vie psychique humaine selon qu’ils sont accordés, désaccordés, réprimés refoulés, convertis », ajoutant plus loin : « Le thérapeute écoute avec son être, avec son corps, avec ses affects. Les affects parlent de la pulsion qui reste inconsciente dans le champ du ça ».