Arlette a 52 ans. Depuis dix ans, elle vit avec un homme qu’elle n’aime plus. Elle ne le supporte plus, se plaint de lui à chaque séance, souffre de l’absence de tendresse, d’écoute, de partage. Et pourtant, elle reste. Depuis une décennie. Elle reste, incapable de le quitter.
Une dépendance affective masquée
Au début de l’accompagnement en thérapie émotionnelle, Arlette parle surtout de son compagnon. Elle lui attribue toute la responsabilité de son mal-être. Mais très vite, ce qui émerge, c’est la peur. Une peur massive, presque archaïque : la peur d’être seule. Elle dit elle-même : « Je préfère encore vivre avec quelqu’un que je n’aime pas que de vivre sans personne ».
Les racines de la peur
Cette peur ne date pas d’hier. En revisitant son histoire, Arlette évoque une enfance marquée par une mère absente, souvent hospitalisée pour des troubles dépressifs, et un père fuyant. Très jeune, elle a intégré que rester seule, c’était risquer de s’effondrer. Alors elle s’est agrippée, à ses frères, à ses amies, puis aux hommes.
Dans la relation actuelle, Arlette rejoue une scène connue : celle de l’enfant qui tente, désespérément, de ne pas être abandonnée. Elle s’adapte, se tait, endure, tout plutôt que de revivre la sensation d’être laissée pour compte. Elle dit souvent : « Si je le quitte, je me vide. »
Le travail thérapeutique
En thérapie, nous avons commencé à accueillir cette peur, sans jugement. À lui laisser une place. Puis à la nommer, à la relier à des souvenirs précis, à l’associer à des sensations physiques : gorge nouée, ventre serré, larmes impossibles. Arlette a aussi appris à différencier le passé du présent, l’enfant qu’elle était de la femme qu’elle est devenue.
Un des moments clés du processus a été celui où elle a pu dire, les larmes aux yeux : « Je croyais que si je me retrouvais seule, j’allais mourir. Mais aujourd’hui, je suis adulte. Je peux prendre soin de moi. »
Une sortie possible
Ce travail n’a pas été rapide. Il a fallu du temps, de la patience, de l’engagement. Mais peu à peu, Arlette a retrouvé un espace intérieur. Elle a osé envisager une vie pour elle-même. Elle a fini par dire à son compagnon qu’elle ne voulait plus continuer ainsi. Non pas dans un élan brutal, mais avec une lucidité nouvelle, une solidité qu’elle ne soupçonnait pas.
Elle n’est pas encore partie, mais elle se sent capable de le faire. Et cette possibilité, déjà, la rend vivante.
Ce que la thérapie émotionnelle permet
La thérapie émotionnelle offre un espace où les peurs anciennes peuvent être regardées, entendues, contenues. Elle permet de reconstruire un rapport plus apaisé à soi, de se désidentifier des anciens schémas, et de sortir des fidélités invisibles à la souffrance. C’est un chemin vers la liberté intérieure.
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