Mots-clés : dépression chronique, douleur psychique, thérapie émotionnelle, dynamique émotionnelle, désidentification, accompagnement thérapeutique, affect, pulsion, psychothérapie.
Présentation du cas
Claire, 42 ans, consulte en thérapie émotionnelle pour une dépression persistante. Elle décrit une douleur psychique continue, à laquelle elle s’identifie entièrement : « Je suis douleur. » Malgré des tentatives antérieures de thérapie, aucun allègement durable de la souffrance n’a été obtenu.
Contexte biographique
Claire a grandi dans un environnement émotionnellement désertique, marqué par une mère distante et un père absent, décédé tôt. Elle s’est construite dans le silence de ses besoins affectifs non reconnus. Elle vit seule, sans enfant, et ne parvient pas à s’autoriser au bonheur.
Spécificité du fonctionnement psychique
Claire est enfermée dans un processus de fusion entre l’identité et la souffrance. Toute tentative de séparation est vécue comme une menace narcissique. Le Moi est imbriqué dans la douleur : une configuration proche de la mélancolie décrite par Freud, où l’objet perdu est incorporé, empêchant tout deuil psychique.
Apport de la dynamique émotionnelle
La thérapie émotionnelle proposée s’appuie sur l’accès direct à l’affect, sans passer d’abord par l’élaboration intellectuelle. Elle autorise un accès brut à l’émotion, permettant une transformation progressive du vécu.
Créer un espace transitionnel contenant
Inspirée de Winnicott, la relation thérapeutique devient un cadre suffisamment bon pour contenir l’émergence émotionnelle. Cet espace protégé permet de réintégrer les affects clivés et d’initier un mouvement de subjectivation.
Favoriser la désidentification à la douleur
En mobilisant les affects enfouis (tristesse, colère, impuissance), la patiente commence à dire « je ressens de la douleur » plutôt que « je suis douleur ». Cette distinction signe le début de la différenciation et de la réparation narcissique.
Réactivation corporelle et mémoire affective
Les pleurs, tremblements, tensions exprimées en séance donnent accès à une mémoire émotionnelle primitive. L’émotion devient l’agent d’une symbolisation vécue et agissante, non simplement verbalisée.
Résultats et évolution
Au fil des séances, Claire commence à retrouver des sensations positives, à s’autoriser des désirs simples. La souffrance perd sa toute-puissance. Elle émerge de la fusion dépressive et redécouvre des parts d’elle vivantes, présentes, et désirantes.
Conclusion
Ce cas illustre la puissance du travail émotionnel profond dans les formes de dépression identitaire. Là où le Moi est submergé par l’affect non symbolisé, la thérapie émotionnelle offre une voie d’expression, de réparation et de transformation.
Elle ne vise pas à expliquer la souffrance, mais à la traverser et à l’humaniser. La douleur cesse alors d’être une prison et devient une source de vie retrouvée.
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