Élodie
Présentation : Élodie, 36 ans, consulte après une rupture douloureuse. Elle dit : « Je ne supporte pas qu’on parte. Quand l’autre s’éloigne, j’ai l’impression de mourir. » Elle enchaîne les relations, souvent toxiques, avec des partenaires distants, absents, voire maltraitants. Elle dit en avoir « honte », mais ne pas pouvoir faire autrement. Elle se sent dépendante, vide sans l’autre.
Histoire personnelle et climat familial
Élodie a grandi avec une mère instable émotionnellement et un père souvent absent. Enfant, elle a joué le rôle de « petite adulte » pour apaiser les tensions familiales. Elle dit : « J’étais la confidente de ma mère. Je devais la rassurer, la consoler. » L’amour qu’elle recevait était conditionnel : « Il fallait être sage, gentille, parfaite. Sinon on me rejetait»
Elle n’a pas appris à poser ses besoins ni à recevoir sans culpabilité. Elle confond encore amour et fusion. Son Moi est comme dissous dans le désir de l’autre.
Symptômes actuels
- Anxiété de séparation massive
- Relations amoureuses chaotiques et fusionnelles
- Sentiment d’insécurité chronique
- Impossibilité à dire non ou à poser des limites
- Crises d’angoisse en cas de conflit ou d’éloignement
Entrée en thérapie émotionnelle
Lors des premières séances, Élodie pleure beaucoup, se dévalorise, dit ne « servir à rien sans l’autre ». Elle a une peur panique du vide. Son corps tremble lorsqu’elle évoque la solitude. Elle parle peu d’elle-même en dehors de ses relations.
Le travail en Dynamique Émotionnelle Exprimée lui permet d’explorer les émotions associées à l’enfance : tristesse, peur, colère refoulée contre sa mère, et honte d’être un « fardeau ». Le corps dit ce que les mots n’ont pas encore pu exprimer.
Le groupe comme levier de différenciation
Dans le groupe thérapeutique, Élodie découvre qu’elle peut exister sans être toujours aimée ou fusionnée. Elle expérimente une nouvelle forme de lien : respectueux, différencié, contenant.
Quand quelqu’un dans le groupe ne lui renvoie pas ce qu’elle attend, elle ne s’effondre plus immédiatement. Peu à peu, elle apprend à rester avec elle-même, à écouter ses besoins réels, à poser un cadre intérieur.
Enjeux thérapeutiques
- Traverser la peur d’abandon et réintégrer la solitude comme espace de sécurité
- Déconditionner les croyances : « je ne mérite l’amour que si je me sacrifie »
- Exprimer la colère interdite envers les figures parentales
- Restaurer l’estime de soi par le vécu émotionnel et corporel
- Poser des limites sans culpabilité
Conclusion
Le travail d’Élodie consiste à retrouver une assise intérieure. À faire le deuil de la fusion pour rencontrer une forme d’amour plus juste, libre, différenciée. C’est en habitant enfin sa propre place qu’elle commence à se sentir aimable… et libre.