en thérapie émotionnelle
Exemple clinique : le patron, le visage fermé… et l’angoisse
Prenons le cas d’un patient qui se sent inquiet chaque matin en allant au bureau, hanté par la perspective de croiser son supérieur hiérarchique, dont le visage fermé ou l’humeur acerbe suscitent chez lui une véritable angoisse.
Cette situation, certes désagréable, ne devrait pas déclencher un tel malaise. Pourtant, chez ce patient, elle provoque une hantise disproportionnée, accompagnée de symptômes anxieux et d’un sentiment de persécution, sans qu’il en comprenne vraiment l’origine.
Le thérapeute peut alors envisager que cette angoisse actuelle réactive une situation plus ancienne, vécue dans l’enfance : par exemple, celle d’un parent en colère ou fermé affectivement, lorsqu’il ne répondait pas à ses attentes.
Du bureau à l’enfance : un mécanisme de réactivation
Le patient ne réagit donc pas seulement à son patron, mais à ce que celui-ci représente inconsciemment : une figure d’autorité capable de rejet, de menace ou d’indifférence. L’angoisse actuelle s’ancre dans un sentiment d’abandon ancien, vécu comme une rupture du lien affectif.
Plus l’enjeu relationnel est fort dans le présent, plus la peur archaïque rejaillit avec force, sans que le patient puisse en identifier l’origine consciente.
Le rôle du groupe : un miroir révélateur
Le travail thérapeutique consiste d’abord à aider le patient à cibler sa position émotionnelle. En groupe, il peut être invité à poser la question aux autres : « Voyez-vous que je confonds la cause et le déclencheur quand je dis que j’ai peur de mon patron ? »
Tandis que lui-même reste souvent aveugle à ses propres mécanismes, les autres participants, moins impliqués émotionnellement, perçoivent plus facilement la distorsion. Le groupe devient alors un outil d’éclairage et de résonance, révélateur des points aveugles de chacun.
La reconnaissance émotionnelle : clé de la transformation
La prise de conscience qu’un vécu ancien se rejoue à travers une situation présente permet au patient de sortir du piège de la répétition. Mais cette compréhension ne passe pas par l’intellect seul.
C’est par le biais d’un travail émotionnel ciblé que le thérapeute accompagne le patient. Il l’aide à nommer, explorer et vivre pleinement ses émotions : peur, tristesse, douleur, abandon, incompréhension, etc.
Une fois cette gamme émotionnelle suffisamment traversée, l’affect se transforme. Les émotions deviennent plus claires, moins confuses, elles peuvent être pensées et symbolisées. L’événement déclencheur n’a plus le même pouvoir : il cesse de faire mal.
Une transformation qui passe par l’émotion, pas par l’analyse
Ce travail ne repose pas sur une compréhension intellectuelle – souvent inefficace dans le champ émotionnel – mais sur une prise de conscience intrapsychique profonde.
C’est à travers l’expérience vécue et l’élaboration des ressentis que la libération advient. Le patient cesse de projeter des peurs anciennes sur des situations présentes et retrouve ainsi un rapport plus juste à lui-même et aux autres.
Un chemin exigeant, mais profondément libérateur.